A l'ombre du genre
Un débat qui n'aura pas lieu
Et pour cause, ça fait vingt ans qu'il aurait du agiter notre univers politico-médiatique... Mais au lieu de ça, "on" a laissé s'infiltrer, sournoisement, l'idée qu'être homme ou femme est totalement secondaire, pour ne pas dire has been dans l'identité sexuelle des gens.
Depuis l'année dernière, le gender a fait son apparition dans les manuels scolaires...
Cette année, le gouvernement travaille à l'élaboration d'une loi pour ouvrir le mariage et l'adoption à des couples homosexuels...
Mais en y regardant de plus près, cela fait bien dix ans que la sphère ciné-télé nous présente des couples homosexuels qui vivent "comme les autres", au milieu des autres, et pour lesquels, franchement, nous n'avons pas à nous inquiéter... Après tout, si c'est leur trip, en quoi cela nous regarde ?
C'est ce que vous pensez ? Bravo, vous faites désormais partie du troupeau de fidèles, parfaitement accordés à l'idée que chacun à sa sexualité, et que du moment que cela ne me prive pas de vivre la mienne, comme on dit : "la liberté s'arrête là où commence celle d'autrui"...
Vous en êtes sûrs ?
D'abord, si je reprends la Déclaration des droits de l'homme de 1789 (et celle de 1793 presque identique pour cette phrase) : la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Un tout petit peu différent, mais quand même : lorsque des couples homosexuels adopteront des enfants, qu'en sera-t-il de ces derniers ? Est-ce que deux papas ou deux mamans les aideront à intérioriser l'altérité sexuelle, nécessaire à leur construction psychique ? Est-ce que vraiment, cela ne leur nuira pas, d'une certaine manière ?
Et en fait, est-ce qu'on peut, tout simplement, avoir deux papas ou deux mamans ? Y en a au moins un qui n'est pas biologiquement le père ou la mère de l'enfant. Et ça, chers amis, les enfants sauront (malheureusement pour eux) très bien se poser la question : qui est ma mère, qui est mon père ? Qui m'a fait ? Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui les doteurs peuvent féconder des embryons dans des petits tubes de verre que la question ne se pose jamais : pour un enfant, un ado, l'héritage génétique est important... Et lorsqu'il s'agira de rendre des comptes, qu'est-ce qu'on leur dira ? "Ne t'inquiète pas mon chéri, tes vrais parents c'est nous, tes deux mères ou tes deux pères... Nous avons procédé à une saillie (bouh ! le vilain mot !), ton parent génétique extérieur à notre couple nous a simplement fourni du matériel génétique un peu de sperme ou une ovule, ou encore elle a servi à ta gestation, mais c'est nous qui t'avons voulu, et nous sommes tes vrais parents..." J'imagine pas l'angoisse de ces pauvres enfants...
Quant à l'adoption, que dire ?
Le problème, c'est de considérer que n'importe quel couple devrait avoir droit à un enfant. Comment peut-on accepter de chosifier un être humain ? En faire l'objet d'un fantasme, d'un désir ? Car il s'agit bien de fantasme... Pas si différent de celui d'avoir chez soi un animal de compagnie. Et ça, ça vaut autant pour les couples hétéros que pour les couples homos. L'enfant n'est pas un truc qui nous fait plaisir parce qu'il nous donne l'illusion d'être un couple. L'enfant est d'abord une responsabilité, une mission, un appel à se décentrer de notre petit plaisir de couple pour donner à un être humain ses chances d'être vraiment humain. Et quand on n'a pas conscience de la moitié de l'humanité (celle de l'autre sexe), on n'est peut-être pas très bien placé pour le faire.
Mais au nom de quoi une loi aussi fondamentale que le droit du mariage et de la famille pourrait-elle changer ?
Ce n'est pas le lieu de retracer l'histoire du concept de genre, ou de la théorie du genre... Elle provient essentiellement des mouvments féministes qui critiquaient la société patriarcale dans laquelle la femme n'avait pas la place qu'elle méritait. Le durcissement de ce mouvement vers une "guerre" contre l'homme, la virilité et la paternité (allez voir des déclarations de féministes intransigeantes : c'est juste effrayant), conjugué à une soi-disant "libération sexuelle" qui voile à peine une revendication de pouvoir réaliser les fantasme les plus inimaginables, à un lobbying gay et lesbien, à un véritable essor d'adultes qui n'ont pas réussi à passer le cap de l'adolescence, aboutit à un ensemble de mouvements de revendications.
On revendique le droit à toutes les sexualités, et à tous les types de couples et de parentalités... Et on a pour cela besoin d'un appui qui ressemble à de la science. C'est vrai que quand on dit "science", le mot magique d'un siècle (pourtant déjà passé depuis douze ans), on a tout de suite beaucoup plus de crédibilité. De là sont nées ce qu'on appelle les "gender studies". Un tas de considérations sociologiques essentiellement. A peine des sciences humaines... Et à l'école, nos chères têtes blondes étudient ça en SVT (science de la vie et de la terre, l'ancienne biologie)... Enfin, s'il fallait relever toutes les incohérences de l'Education Nationale, ce blog ne suffirait pas...
Bref... ça dit quoi, tout ça ?
Eh oui, c'est bien beau d'en parler, mais qu'est-ce qu'elle dit, cette fameuse théorie ?
Elle dit qu'il faut distinguer le sexe biologique de l'identité psycho-sexuelle de la personne humaine. En gros, il y a le biologique d'un côté et le psychologique de l'autre. Ne cherchez plus : si vous êtes né garçon mais que dans votre tête vous êtes une fille, éh bien soyez une fille...
Elle dit aussi que l'identité sexuelle est le résultat des représentations sociales qu'on se fait du sexe. Compliqué, ça. Un exemple peut-être ?
Norbert et Tatiana ont tous deux six mois. Les parents de Norbert l'habillent avec des vêtements bleus. Ceux de Tatiana lui mettent des vêtements roses... Bouh les méchants : ils donnent dans le mille de la ségrégation sexuelle. Ben oui tiens ! Qui a décidé que les filles doivent être en rose et les garçons en bleu ?
Norbert et Tatiana ont maintenant six ans. Norbert joue avec une petite auto, et Tatiana avec une poupée. Miséricorde ! Encore un relent de cette méchante société hétérosexiste ! Heureusement qu'on va bientôt sortir de cet obscurantisme, qui dès l'enfance, impose aux hommes des représentations viriles, musclées, violentes même, et aux filles des représentations surrannées, mièvres et cucul.
Norbert et Tatiana ont seize ans. Norbert est inscrit au club de foot et Tatiana fait de la danse. Vous connaissez des garçons qui font de la danse et des filles qui font du foot ? Moi aussi. Mais Norbert et Tatiana ont un train de retard sur la société contemporaine, eux. En effet, si comme moi, ils connaissaient des garçons danseurs et des filles footballeuses, ils sauraient qu'il y a toujours eu en eux du masculin et du féminin... Ah, la voilà, la preuve !
Vous l'avez compris, pour ceux qui pensent que la théorie du genre a un quelconque accent de vérité, l'identité male ou femelle n'existe pas à la naissance. Elle est simplement liée à des constructions sociales artificielles, complètement dépassées. Il faudrait donc, en toute logique, laisser chacun se déterminer sur son identité sexuelle profonde.
Le problème, c'est que le sexe est quand-même (j'ose le rappeller, du bout des lèvres) une réalité biologique. On naît garçon ou fille. Et qu'on le veuille ou non, il n'y a pas moyen d'être humain sans sexe. Et tout ce que cela implique. Ben oui, quand-même, faudrait pas penser que mon corps ne me marque pas. Y a qu'à voir les ados : leur corporalité les obsèdent tellement !
Certes, ce serait une erreur de dire que le contexte social influe ma manière d'être homme ou d'être femme : j'ai toujours dit qu'une fille qui naissait à Téhéran ou à New-York, ça ne représente pas la même chose. Mais bon, ça reste une fille. Et un garçon qui naît en Chine ou en Israël, ça ne représente pas non plus la même chose. Mais ça reste un garçon.
Les construction sociales, qu'elles soient ou pas oprimantes, qu'elles soient ou pas "libérantes", n'arriveront jamais à gommer l'identité sexuelle biologique d'une personne.
La "neutralité sexuelle", mythe de toute-puissance de l'enfance, est, et restera toujours un mythe dénué de réalité.
Quelles sont les conséquences ?
J'en vois au moins quatre :
- La confusion. A tous les niveaux. On n'arrive plus à savoir quoi est quoi ? On confond l'identité sexuelle avec l'orientation sexuelle. L'identité est liée à une réalité biologique indiscutable, marquée dans le corps. L'orientation est liée à des pulsions et des désirs subjecifs, variables, évolutifs. On confond l'identité sexuelle avec le rôle social : au nom de la parité, on veut une égaglité de représentation des deux sexes dans des instances sociales où les rôles devraient être remplis au nom de la compétence, et non de l'identité sexuelle. De la même manière que la discrimination des femmes dans les lieux de travail est odieuse, aucune d'entre elles ne mérite plus un travail pour la seule raison qu'elle est une femme. On confond l'identité sexuelle avec les représentation sociales.
- La déconstruction des modèles et des structures de la civilisation. Avec les "familles recomposées", on avait déjà franchi l'étape du retour à la tribu (plusieurs femmes, plusieurs hommes, des enfants issus de plusieurs associations)... On en est maintenant à dénier le lien indispensable de la paternité et de la maternité, la nécessité de la prise en compte de l'altérité sexuelle pour construire son identité d'être sexué. L'arrivée d'une culture de l'ambivalence sexuelle (mode unisexe, métrosexualité qui s'apparente à une éfféminisation des hommes et une virilisation des femmes), la perte de repères stables pour se construire, conduisent inévitablement à une situation favorable à la violence.
- Une domination du cercle social sur le cercle familial. La pilule abortive peut être donnée par les infirmières scolaires sans consulter les parents, l'éducation sexuelle déléguée à des associations connues pour leur lobbying parfois agressif (planning familial, SOS homophobie) et unilatéral, la multiplication de situations où les enfants ne sont plus sous l'autorité de leurs parents... Tout cela s'apparente à une prise de pouvoir de la société sur des éléments qui relèvent (et doivent relever) du cercle familial, d'une transmission qui accompagne la génération, comme une responsabilité inhérente au statut de parents. Un système totalitaire sournois, d'autant plus qu'il s'immisce dans nos vies sans en avoir l'air.
- Un affaiblissement dramatique des personnalités. Cette perception de la sexualité n'est pas sans conséquences sur la construction de l'identité sexuelle et donc l'identité tout court. Nous faisons face à une génération de jeunes qui ne savent plus qui ils sont, qui prennent leurs désirs pour des réalités, qui s'enfoncent dans une sexualité imaginaire et fantasmatique et qui sont de moins en moins aux prises avec le réel. Dire que l'identité relève essentiellement du désir, c'est mettre la réalité au placard.
Que faire ?
Doucement, dans notre monde occidental en déclin (décadent ?), les conscience s'endorment, se laissent anesthésier... Le pouvoir médiatique et audio-visuel propose une solution de facilité, une morale bon marché, sans effort à faire pour discerner ce qui est bien ou mal. Un prêt-à-penser s'installe avec une censure de plus en plus répressive au nom d'une non-discrimination et d'une tolérance.
Il est temps que les consciences se réveillent ! Que nous prenions le temps de lire, de nous intéresser à ce que nous sommes... Il est temps que les philosophes renouent avec leur antique amitié de la sagesse. Que les sociologues cessent d'être les maîtres à penser de nos politiciens. Que ces derniers s'intéressent au bien de ceux dont ils ont la charge avant leur cote électorale... Que ceux qui estiment avoir encore un peu de conscience prennent place dans le débat, sans violence mais aussi sans molesse.
Quant à ceux qui laissent les idéologies prendre le pouvoir au détriment de la vérité, de la liberté des consciences, ils auront à rendre des comptes.